Les pierres à battre le blé
Les pierres à battre le blé
Pierre à battre
Tableau du peintre Edouard-Bernard Debat-Ponsan (1892)
L’emploi du rouleau en pierre ou en bois, tiré par des chevaux, des mulets ou des bœufs, affranchit les agriculteurs du haut et bas Languedoc, ainsi que ceux de la Provence, du dépiquage par les haras. En 1838, le premier rouleau est introduit dans les Pyrénées-Orientales chez M. Flottes, en 1839 chez M. Bassal, de Rivesaltes; «en 1840, il y en a plus de 40 dans le département, et en 1845 on les compte par centaines».
Cependant on objectait que la paille n’était pas aussi bien brisée avec le rouleau que par l’opération du dépiquage, et qu’elle occupait plus de place dans les greniers ; pour remédier à cette objection, on chercha à compléter le travail du rouleau par l’adjonction de lames ou couteaux destinés à hacher la paille, ou par l’emploi de deux rouleaux successifs, l’un chargé d’égrener la récolte, l’autre de briser la paille.
Source : Extrait de M. Ringelmann , «Dépiquage et égrenage des céréales», Journal d'agriculture pratique, 1899, vol. 2, p. 523-525
http://www.unicaen.fr/mrsh/bibagri2/b...
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Pierre à Battre à alvéoles
Aytré
Cette belle pierre à battre nous a été signalée par Monsieur Saunier qui est le fondateur de la société Ovive à Périgny.Les personnes qui l’avaient trouvé en Vendée l’ont mise dans leur jardin à Aytré. Lorsque ces personnes ont vendu leur maison et acheté un appartement ils ont décidé de la vendre.
La pierre a été transportée avec beaucoup de précaution dans une remorque avec l’aide de quelques amis.
La pierre à battre a été transportée le 31 Mai 2019 d’Aytré à Tesson
Histoire des pierres à Battre
Les aires de battage du 19e siècle
Dans le Sud, on dit le foulage ou le dépiquage, en occitan, la cauca (prononcer caouque). Le foulage parce que les épis étaient foulés sous les pattes des animaux. Le terme de battage est propre à l’utilisation du fléau : les épis sont battus.
Battage au bâton dans une grange
Dans les régions méditerranéennes, les aires sont toujours installées dans un endroit très ensoleillé et venté. La chaleur et la sécheresse permettent de faire éclater les épis.
Dans les régions du Nord, comme en montagne où la moisson est tardive, le battage ne peut se faire à l’extérieur. Au Ier siècle, le géographe Strabon notait déjà que les pays hyperboréens devaient battre le blé en grange à cause de la pluie.
Quel que soit le mode de battage du blé, l’aire doit être solide. « Les aires ordinaires, dans la construction desquelles on fait entrer deux parties de terre franche contre une de bouse de vache, sont déjà d’une bonne consistance. Lorsqu’à ces matériaux on joint du foin ou de la paille hachée très menue, et encore mieux de la bourre, elles sont encore meilleures. Dans les pays où l’on fabrique de l’huile d’olive, on fait entrer son marc dans la composition de l’aire, et on gagne considérablement de fermeté et de durée. Dans d’autres, on l’enduit, à différentes reprises, de sang de bœuf » (1).
Un signe extérieur de richesse Des aires sont caladées ou pavées. Leur construction, plus difficile, est généralement confiée à un caladaire (pr : caladaïré), un professionnel de l’empierrement. Leur prix de revient est forcément plus cher et posséder une aire caladée a été un signe extérieur de richesse.
L'aire de battage sur une rue d'Ars en Ré
Il en existe de forme rectangulaire et circulaire. L’entretien d’une aire caladée est plus facile et le battage dégage moins de poussière.
Pour édifier une calade, sur une surface préalablement aplanie et damée, on commence par les conducteurs : des lignes droites, tracées au cordeau et au niveau, qui délimitent des espaces qui seront remplis ultérieurement. Des pierres de belle taille présentant une surface plate sont alignées. Elles doivent être suffisamment profondes pour servir d’ancrage et assurer la stabilité.
Battage dans la rue à Arçais Deux Sèvres
Pour une aire rectangulaire, les lignes sont parallèles à la longueur, dans le cas d’une aire ronde, les conducteurs sont rayonnants. L’esthétique et la solidité de l’ouvrage commandent des surfaces identiques. Les conducteurs sont parfois réalisés avec des pierres d’une couleur différente du reste de la surface.
Les zones laissées libres entre les conducteurs seront remplies avec des pierres plus petites, parfois des galets. Ce travail s’effectue avec une règle pour obtenir une surface la plus parfaite possible.
Les aires en terre battue doivent être préparées avant le battage : nettoyées, éventuellement aplanies et tassées. Pour tasser l’aire, la terre est mouillée avant de passer un rouleau lisse en pierre.
Avant la Révolution, les aires étaient, généralement, des biens seigneuriaux. Le seigneur en était propriétaire et, comme pour le moulin ou le four, chacun devait l’utiliser contre une rétribution, la banalité. A la Révolution, quelques particuliers ont racheté l’aire d’une localité, mais, le plus souvent, elles sont devenues propriété de la commune.
Ces aires communautaires, situées à proximité du village, sont battues et réaménagées collectivement avant chaque campagne.
Un procédé utilisé par les Grecs lors de la moisson, les gerbes sont « rangées par tas de 25 à 30 de chaque côté des sillons, où elles achèvent de se dessécher. Elles sont ensuite transportées à l’aire. Là se construisent les gerbiers, qu’on dispose en rond ou en ovale, ayant le sommet en forme de toiture pour rejeter les eaux pluviales.
Les gerbiers chez Maurice Bonnin à Virson
Il est bien de placer debout le premier rang de gerbes, pour empêcher que l’humidité du sol ne fasse germer le grain. Le procédé qu’on met en usage pour séparer le grain de la paille est presque en tout point celui qu’employaient les Grecs. Il est connu sous le nom de dépiquage, moyen très expéditif, propre seulement à nos climats, où les mois de juillet et d’août se passent ordinairement sans pluie, et durant lesquels règne le ponent, espèce de vent alizé, indispensable pour cette opération. Les chevaux y concourent dans un rapport d’un pour 6 hl de grains, et les hommes, un pour dix chevaux.
Le jour choisi pour dépiquer le blé doit être serein et sec. On distribue de grand matin les gerbes rangées en rond, sur un seul rang, et debout sur leur chaume, dans une aire fortement battue ou pavée en petits cailloux. Un des travailleurs, en dehors, occupe le centre d’un cercle dont les chevaux, sur deux files, décrivent la circonférence. A l’aide des plates-longes qu’il tient et d’un fouet dont il est armé, il force les plus vigoureux de ces animaux à s’élancer sur les blés, et les autres de suivre les premiers. Il fait attaquer le rond par les bords et s’avance successivement jusqu’à ce que toutes les gerbes culbutées lui permettent de s’établir au milieu. Pour hâter le foulage et le rendre plus uniforme, les ouvriers retournent la paille et offrent au piétinement des chevaux les tiges non brisées, jusqu’à ce que la masse soit suffisamment battue » (2).
Raymond Bizot
Source
https://www.lamarseillaise.fr/culture/les-aires-de-battage-du-19e-FGLM070674
Les pierres à battre
Pierre à battre Virson
Pierre à battre Musée de Clion sur Seugne 17
Pierre à battre Ferme de la Folie Souvigné Deux Sèvres
Pierre à battre-Photo prise en Ukraine Septembre 2007
Transport de la Pierre à battre Aytré 31 Mai 2019
Transport de la Pierre à battre arrivée à Tesson 31 Mai 2019
Les pierres à battre ont servies de monument pour les calvaires comme ici à La Tessoualle ainsi qu'à Trémentines Maine et Loire -
Photo de Jean Marie Chesne
La peinture qui figure en haut de la page nous a été communiquée par
Denis BIETTE
Président du Cercle d'Histoire et d'Archéologie des Alpes-Maritimes
Villa Marcelle-4 bd Paul Montel 06200 Nice
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Page publiée le 9 Aout 2020
Date de dernière mise à jour : 25/07/2021